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Photo du rédacteurMartin Kountchev

De l’initiative de praticiens·iennes en médecine chinoise à l’engouement d'un Centre Hospitalier


Comment rester les bras croisés alors qu’une pandémie se développe ?

Comment attendre dans son coin alors que des hôpitaux sont débordés, des soignants épuisés ?


C’est à partir de cette impuissance que j’ai échangé avec le Dr Julien Trautmann dès l’annonce du confinement.


Florent Binon, je co-dirige l’École Zhōng Lì, et le Dr Trautmann enseigne la physiopathologie à nos étudiants de 4ème et 5ème année. Il est chef du service de soins palliatifs et président de CME du Centre Hospitalier de Givors. Il est également praticien en médecine traditionnelle chinoise et propose des consultations de gestion de la douleur.


Après quelques échanges rapides, je lui propose ce projet, relativement simple, et qui était également en train de se mettre en place ou qui était déjà mis en place au sein des Centres Hospitaliers d’Alès et de celui de Metz : proposer gratuitement et bénévolement des consultations en médecine chinoise aux agents du CH de Givors afin de les soutenir tout au long de cette crise liée au COVID-19.


Dans les jours qui suivent, le Dr Trautmann propose l’idée à la direction de l’hôpital qui est véritablement emballée.


Après quelques discussions et quelques mises au point, je soumets un projet clef en main à la direction de l’hôpital. Rapidement tout est validé, tout est organisé, une convention de partenariat est signée entre le CH de Givors et l’École Zhōng Lì.


Face à une demande potentiellement importante de la part des agents (en tous cas, à ce moment, c’est ce que nous espérions), il nous faut constituer une équipe de praticiens-ennes ayant de solides connaissances et compétences.


Rémy Orsini, également co-directeur de l’École Zhōng Lì, Cédric Padial, directeur du centre de Lyon de la FLETC, Antoine Rohart, un collègue Lyonnais, Sophie Michaud et Virginie Burnet Merlin, toutes deux étudiantes en 5ème année au sein de l’École Zhōng Lì et jeunes praticiennes de la région Auvergne-Rhône-Alpes, et moi-même nous mobilisons pour assurer ces consultations. Nous sommes rejoins ponctuellement par Nathalie Molendi et Florence Bossan, praticiennes dans la Loire et sur Lyon.


Nous sommes installés dans le service de l’hôpital de Jour au sein du CH de Givors. Nous avons 5 chambres à disposition ainsi qu’un bureau et un office. Le matériel est entièrement fourni par l’hôpital.


Un agenda partagé sur le réseau intranet de l’hôpital est créé, agenda sur lequel les cadres de santé de chaque service peuvent inscrire les agents souhaitant bénéficier des consultations. Notre présence est prévue 3 jours par semaine : les lundis, mercredis et vendredis.


La durée des soins est de 45 min, ce qui permet d’une part d’accueillir plus d’agents mais également de ne pas trop perturber l’organisation des différents services, dans la mesure où les agents peuvent venir sur leur temps de travail. Avec cette organisation, nous sommes pleinement autonomes.


1ère journée, le mercredi 1er Avril ! Début des consultations à 9h. Au départ, 9 consultations de prévues, mais à la fin de la journée… 23 ! Le bouche à oreilles s’est mis en place. Dès le vendredi suivant, nous avoisinerons les 40 consultations. Une magnifique dynamique se met en place. Les journées sont intenses, mais notre motivation est à toute épreuve.


Nous accueillons des agents de tous services et de tous corps de métiers : médicaux, paramédicaux, agents d’entretien, agents administratifs… Nous les prenons en charge, nous échangeons avec eux, nous entendons leurs craintes, leurs difficultés, leurs peurs, leur détresse ! Le COVID n’est qu’un catalyseur. Leurs maux ne sont pas récents et témoignent de la souffrance du milieu hospitalier. Le nombre d’agents souffrant de troubles musculosquelettiques et/ ou de troubles du sommeil et/ ou de troubles digestifs liés au stress est impressionnant.


Alors nous sommes là. Là pour eux. Pour essayer autant que possible de les soulager, de soulager leur souffrance physique et/ ou psychique, de leur permettre de prendre une bouffée d’oxygène.


Les agents repartent souvent sans leur douleur, ou en étant plus sereins, plus détendus.

Avec les collègues, nous nous répartissons les jours afin d’assurer une prise en charge optimale.


Au départ quelques peu timides, les agents nous posent des questions sur notre pratique, mais rapidement, un climat de confiance s’installe. Chaque matin, les salles sont préparées par des agents. D’autres, nous amènent des viennoiseries et autres douceurs. D’autres encore, comprenant que nous sommes bénévoles, mettent en place une boîte à dons… finalement, c’est une véritable collaboration qui est mise en place.


Face à cette réussite, le Centre Hospitalier de Vienne souhaite lui aussi mettre en place des consultations de médecine chinoise à destination de ses agents. Avec le Dr Trautmann, nous favorisons ce développement, et proposons à Nathalie Crozier, une collègue de la région de Vienne, d’intervenir au sein du CH de Vienne et de coordonner la petite équipe constituée.


Les semaines passent et le nombre de consultations à Givors reste toujours élevé : entre 100 et 120 consultations par semaine. Au bout d’un mois, nous avons reçu plus de 200 agents sur un hôpital qui en compte 550. Le Dr Trautmann reprend les dossiers qui nous avons mis en place afin d’extraire les résultats qui sont plus que pertinents.


Avec le déconfinement du 11 Mai, l’hôpital de Jour voit son activité habituelle redémarrer. La question n’est même pas de savoir si notre action doit s’arrêter ou pas. La direction de l’hôpital a déjà tout prévu et se mobilise pour nous installer dans d’autres locaux, inoccupés depuis quelques temps. Malgré les difficultés logistiques, encore une fois, ils nous installent tout ce dont nous avons besoin pour continuer.


 

Voyant cet engouement, nous réfléchissons, avec la direction de l’hôpital, à pérenniser notre action. Les choses avancent vite et dans quelques temps, tout devrait être mis en place pour que la médecine chinoise à destination des agents hospitaliers continue au sein du CH de Givors.



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